Mais pourquoi est-elle devenue aussi têtue? Qu’est ce qui s’est passé? Qu’ai-je raté?

Me voilà, une fois de plus, à répéter pour la énième fois à ma fille de venir à table. Combien de fois au juste je l’ai répété ?! Je ne sais même plus.

Au moins cinq fois, c’est sûr !

Et elle est là, à avancer en trainant sur le trajet qui sépare la table basse et son repas en train de refroidir.

Je perds mon calme

Promis, j’ai essayé !

J’ai tout fait pour ne pas crier: utiliser un ton calme, je l’ai prévenu un peu à l’avance que dans 5 minutes on va passer à table, j’ai répété de façon patiente, fait menaces que je ne tiendrai peut-être pas, mais voilà, là je craque.

« À table m…. ! Il faut te le dire dans quelle langue ?! »

À cet instant précis, j’ai envie de la massacrer.

Les jours, où je suis globalement en forme, pas trop stressée et bien endurante, elle va s’en tirer avec cette parole sèche et mon regard noir.

Puis, nous déjeunons tranquillement et passons à autre chose.

Sauf que parfois, la marmite est pleine: sûrement dû à une mauvaise nuit ou trop courte, mal fichue ou c’est peut-être aussi juste que Melle Ceryse a atteint le quota d’usure du jour. Et là, au regard noir et au ton sec s’ajoutent des reproches jusqu’à voir perler les larmes aux coins de ses yeux qui valident en moi le fait qu’ « elle a bien compris, cette fois ».

Sauf que voilà mère culpabilité qui pointe le bout de son nez…

Vous savez, cette culpabilité qui crève le cœur.

« Tu t’es acharnée jusqu’à ce qu’elle pleure. T’es malade ma pauvre!

Alors comme un ange et un démon se lançant dans une sorte de combat à l’intérieur de ma tête, l’un tente de justifier son acte quand l’autre lui reproche. Et le plus dingue là dedans, c’est que quand mon mari pète un plomb pour les mêmes raisons, je lui demande de se calmer et je suis bouche bée devant ce qui m’apparait de l’extérieur comme une réaction tout à fait disproportionnée.

« Va comprendre ! »

Ma fille, c’est mes tripes, mon sang, la prunelle de mes yeux. Mais ma fille est une tête de mule, c’est un fait! Bien évidemment, je suis la seule à avoir le droit de le dire hein?! Avisez-vous de la critiquer et maman sort ses griffes!

Elle ne peut jamais (je dis bien jamais) faire ce qu’on lui demande du premier coup. L’obéissance : ce n’est plus trop son truc à certains moments de la journée.. L’esprit de contradiction : c’est sa marque de fabrique. Ceci dit, pour sa défense, je n’aurais que cela à dire :

« Les chiens ne font pas des chats. »

Ce qui aujourd’hui me permet de me sentir mieux dans mon rôle de mère que je ne l’ai été à mes débuts, c’est ce travail sur l’acceptation, fait de gré mais aussi par la force des choses.

Elle a cette part de moi, cette part imparfaite, que je n’étais ni prête à voir ni à admettre pendant longtemps.

Admettre et accepter, sans la juger.

Et puis, elle a cette grande part d’elle-même.

Accepter que son caractère soit ce qu’il est avec ses côtés irritants comme ses côtés tellement touchants. Accepter qu’il en soit de même pour moi.

L’aimer. Et la gronder quand c’est nécessaire pour elle comme pour moi.